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Sous le soleil des cèdres
24 février 2012

Alors, après plus de deux ans au Liban, suis-je devenue libanaise ?

Le 13 novembre 2011 fut la date anniversaire de nos deux ans d’installation sur la terre libanaise … Depuis, je pense souvent à ce premier chemin parcouru. Sommes-nous toujours en phase d’adaptation ? Nous sommes-nous adaptés à notre nouvelle vie ? Avons-nous atteint notre équilibre ? Voici quelques réflexions me concernant.

Concernant la langue, y’a encore du boulot ! y’a du progrès mais encore du chemin à parcourir ! Je me débrouille assez bien dans les situations du quotidien quand il s’agit de faire des courses, de prendre un taxi, même de négocier des prix ou de papoter avec des voisines sur des sujets simples … de quoi impressionner les français en séjour chez nous !
MAIS, je le reconnais, je suis encore loin de tout bien comprendre et de pouvoir m’exprimer aisément. La voisine chez qui je vais régulièrement prendre le café me répète souvent que je ne progresse pas assez vite, que sa domestique (d’origine asiatique), elle, se débrouille beaucoup mieux que moi au bout d’un an au Liban. Ma belle mère aussi essaie de me stimuler pour me faire parler et fait des remarques à mes belles sœurs quand nous papotons en français …

Concernant la conduite, là, on pourrait dire que je suis devenue presque libanaise. J’ai oublié l’usage de la priorité à droite, j’utilise beaucoup le klaxon, je me faufile dans le moindre espace et n’ai pas peur au volant.
MAIS, pour autant, je ne double pas en triple file sur des routes de montagne dans un virage dans le sens de la montée ; je ne me gare pas au milieu de la route pour aller acheter mon pain ; je ne prends pas non plus ma voiture pour faire une course à 20 mètres de chez moi et je ne brule pas de feu rouge … Je ne roule pas non plus en énorme 4X4 non plus …

Concernant la cuisine, nous avons pris notre rythme. Je cuisine à la fois des plats libanais (simples) et des plats français. Il n’est pas question quand même d’abandonner nos traditions culinaires françaises !
MAIS, je n’ai pas encore pris mes marques pour les courses. On ne trouve pas tous les produits que je considère encore indispensables (sauf dans certains magasins en produits importés = onéreux). Il est par exemple très difficile si ce n’est impossible de trouver des tablettes de chocolat de qualité pour patisserie (on trouve pleins de trucs industriels) ; impossible de trouver des pots de yaourt nature et les yaourts aux fruits (deux marques seulement) se vendent à l’unité. Par ailleurs, gros problème avec la viande ou le poisson, la chaine du froid n’étant que rarement respectée. Grosse méfiance !

Concernant notre impasse, j’ai été (et Ziad aussi) adoptée par mes voisins, en particulier les voisines. Je reconnais que l’ambiance est plutôt sympathique. Tout le monde se connait, se salue et s’entraide. Les femmes ont l’habitude – notamment si elles ne travaillent pas – de se retrouver le matin autour d’un café (faire sob7iyé) chez les unes ou chez les autres. Ainsi, on débarque sans prévenir. On est alors toujours bien reçu. J’ai pris l’habitude de prendre le café chez ma voisine d’en face, une personne âgée vivant seule et ne parlant pas français. Nous réussissons à papoter et à bien nous entendre. J’ai d’ailleurs prévu d’apprendre avec elle, la semaine prochaine, à cuisiner un plat libanais (kébbé).
MAIS les voisines ne s’incrustent pas (encore) chez nous et je ne rends visite pour l’instant qu’à une autre voisine ! Ce qui reste difficile à supporter c’est, à mon sens, un certain manque de respect d’autrui. Ainsi, la rue n’est pas considérée comme un espace commun (donc contraintes) mais chacun pense que la rue lui appartient exclusivement. Donc, on klaxonne à n’importe quelle heure pour prévenir qu’on arrive ; on y laisse ses enfants jouer en hurlant pendant des heures (sauf en hiver) ; on y jette ses seaux d’eau sale ; on écoute de la musique à fond sans complexe, etc.

Concernant le paysage urbain de Beyrouth, l’autre jour, j’ai réalisé que je ne remarquais plus les immeubles criblés de balles (on en voit encore dans certains quartiers) et que mon œil ne souffrait plus autant de voir tous ces immeubles aux façades décrépies parce que non entretenus. La présence permanente de l’armée ne me fait plus rien non plus. Il faut dire aussi que les agents de police portent aussi le treillis militaire. On les voit à pratiquement à chaque carrefour à Beyrouth donc, c’est sûr, cela renforce l’image d’une présence militaire. Ce sont les remarques des français en séjour chez nous qui me le rappelle. Des militaires sont présents devant les bâtiments officiels, devant les églises à l’heure des offices ou lors de postes routiers à certains endroits dits stratégiques. A propos de ces postes de police justement, lorsqu’on doit les traverser, il s’agit juste de faire un petit signe de la main ou de la tête après avoir ralenti. Le militaire nous indique alors de poursuivre. Je me demandais à quoi cela servait et si cette pratique n’était pas devenue une routine sans intérêt. Et bien non, j’en ai eu la confirmation. Récemment, j’ai ignoré un tel poste sans faire attention et je me suis bien faite engueulée !

Concernant la politique, tout reste à faire. J’ai beaucoup de difficulté à m’y intéresser tant l’approche est difficile et complexe.

Concernant l’éducation des enfants, là c’est certain, il s’agit d’une adaptation très très faible ! Je passe vraiment pour la française très stricte avec des concepts. Je ne veux pas faire de généralisation mais dans la plupart des familles libanaises que nous connaissons les enfants sont élevés comme des enfants rois. C’est-à-dire que, globalement, il n’y a pas de cadre. Par conséquent, les enfants mangent ce qu’ils veulent à l’heure qu’ils veulent (bonbons et chips font vraiment partie de l’alimentation de base !) ; on ne fait pas dormir les enfants (sieste ou soir), on les laisse s’endormir d’épuisement ; on ne leur apprend pas particulièrement à remercier, dire bonjour ; on ne veille pas sur leurs activités donc certains peuvent rester des heures devant la tv, etc. Alors, quand on me voit offrir des repas à heures fixes à mon fiston, organiser mon propre temps en fonction de ses siestes ou ses heures de coucher, lui refuser quelque chose ou, par exemple, l’inviter à dire bonjour/au revoir quand nous allons chez quelqu’un … je fais un peu tâche dans le paysage … Nous avons souvent les oreilles qui sifflent ! Anaël grandissant, nous nous assouplissons mais certains repères tels que le temps de sommeil ou une alimentation saine restent primordiaux à nos yeux !

Concernant la libanisation de mon look, y’a beaucoup à faire encore ! Ici les femmes font très attention à leur apparence. Elles sont toujours tirées à quatre épingles, maquillées, élégantes (même si parfois/souvent je n’ai pas les mêmes goûts concernant leur tenue vestimentaire), le brushing parfait, la manucure impeccable, portant de hauts talons, etc. J’en suis loin … Le maquillage n’est toujours pas devenu un réflexe matinal et je ne suis toujours pas capable de dompter ma chevelure (!). Le coiffeur n’est pas onéreux mais ça me « fatigue » à l’avance d’y aller régulièrement … Je fais quand même des efforts !!!!

Voilà donc ou j’en suis ! Il y aurait beaucoup d’autres choses à dire. L’autre jour avec Ziad, nous nous disions que nous avions pris notre rythme et notre routine. Il n’empêche qu’on pense toujours à la France, non pas avec un sentiment de nostalgie ou de regret mais plutôt en ressentant souvent des manques : nous voir régulièrement en famille et entre amis ; une envie subite de ballade dans Paris ou à Nantes ; une envie de se faire tel petit resto ou tel achat dans tel magasin, etc. Pas plus tard qu'hier, j'ai eu une envie folle de manger des quenelles ... Nous voilà bien ...

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Commentaires
L
Trop de francais au liban....<br /> <br /> Trop d'étranger tout court...on vend nos terre a des étrangers ca merend malade
C
Super ton article! Plusieurs passages m'ont fait sourire car je visualise bien la situation maintenant.. et vivent les quenelles!
M
Youah: enfin des nouvelles sur le blog: GENIAL.<br /> <br /> Trop contente de lire de tes nouvelles. <br /> <br /> En France : RAS. <br /> <br /> On est en pleine campagne électorale, mais j'avoue être plus préoccupée par le quotidien (pas bien :-))<br /> <br /> On t'embrasse bien fort ainsi que tes 2 hommes (et tiens le cap question éducation: conseil d'une femme "vieille France!)
A
Je comprends que vous regrettez les quenelles ! même en France, on n'en mange pas... on va donc charger maman de quenelles pour son séjour. Que dirais-tu d'une valise avec 20kg de quenelles ?!!<br /> <br /> Il y a effectivement des MAIS, somme toute à relativiser ; car après avoir checké à la Toussaint, la langue c'est bleufant, la cuisine digne des meilleures tables, la conduite passe bien et l'éducation d'Anaël en fait un super mignon petit bonhomme !<br /> <br /> La bise
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