En terme d'environnement (sa protection) on peut s'attendre à tout au Liban mais surtout au pire.
Le constat
Hier, ce fut le pompon. J'avais emmené Anaël jouer au square et de là-bas nous avons observé une gigantesque cheminée de fumée noire recouvrant au fur et à mesure une bonne partie de la ville.
(Photo 1 : L'Orient le Jour ; Photos 2 et 3 : Photo Mohamed Azakir/Reuters)
Les faits
Il s'agissait en fait d'un incendie dans une décharge en pleine zone urbaine Beyrouthine - soit disant fermée mais transformée, à la barbe des autorités, en décharge sauvage à ciel ouvert - compotant énormément de pneus.
La cause de cet incendie ? Personne n'en sait rien et sans doute personne n'en saura jamais rien. Peut-être, les dernières fortes chaleurs ? A la télé libanaise hier, un riverain interviewé disait que régulièrement des feux étaient lancés dans la décharge pour récupérer les particules de fer contenues dans les pneus mais jamais des incendies de cette empleur ...
Si vous en avez le courage, prenez le temps de lire l'article ci-dessous paru aujourd'hui dans L'Orient le Jour ... Je ne sais pas mais en le terminant, j'étais plutôt inquiète quand à la capacité de l'Etat libanais et celle de la population de tirer les enseignements d'une telle catastrophe.
En attendant, j'apprends à Anaël qu'on ne doit pas jeter de papier par terre ...
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Nuage noir de pollution au-dessus de Beyrouth
L'Orient le Jour * Par Suzanne BAAKLINI | 28/04/2012
Pollution
Une grande surface de pneus usagés, jetés au bas de la décharge de Bourj Hammoud (fermée depuis 1997), a pris feu hier, dégageant un épais nuage noir toxique au-dessus de la capitale.
C’est une grande surface de pneus usagés dans un terrain vague qui a pris feu hier en début d’après-midi, à proximité de l’immense décharge de Bourj Hammoud. Le sinistre a causé un embouteillage monstre sur l’autoroute qui longe le site et une panique chez les habitants. L’épaisse colonne de fumée noire a enveloppé toute la capitale et certaines banlieues, particulièrement Nabaa, Bourj Hammoud et Dora, très affectées par la pollution résultant de l’énorme incendie. Les flammes n’étaient heureusement pas proches des nombreux réservoirs de fuel et d’essence situés à Dora.
La Défense civile semblait avoir de réelles difficultés à lutter contre ce redoutable incendie. Une source de la Défense civile nous a indiqué que son intervention a commencé à 15h30 et qu’elle se poursuivait en fin de soirée. Cette source ajoute que l’incendie était difficile à éteindre en raison de la grande quantité de caoutchouc qui a pris feu. La cause du sinistre, selon elle, est difficile à déterminer, mais il pourrait s’agir d’une conséquence de la hausse des températures.
La gravité de la situation a poussé le ministère de l’Environnement à dépêcher une délégation formée de Ghassan Sayah, conseiller du ministre, et de Bassam Sabbagh, président du département de lutte contre la pollution en milieu urbain, pour inspecter le lieu du sinistre. Les experts devraient rédiger dans les jours qui viennent un rapport sur l’impact de cette fumée sur la qualité de l’air et la santé publique.
Qui assume aujourd’hui la négligence qui a provoqué un tel incendie et à qui doit-on la présence d’un cimetière de pneus si vaste à cet endroit? Dès qu’il s’agit de la décharge de Bourj Hammoud, une énorme montagne dans la mer, fermée depuis 1997 après avoir accueilli les déchets de Beyrouth et de ses banlieues nord durant toutes les années de guerre, les responsabilités sont difficiles à définir.
Interrogé sur la question, Georges Krikorian, vice-président de la municipalité de Bourj Hammoud, assure que « le site tombe sous la responsabilité du ministère des Travaux publics et des Transports, étant donné qu’il est situé sur des biens-fonds maritimes ». Les dégâts écologiques sont pourtant ressentis par la ville en priorité... « Nous en sommes bien conscients et nous aurions aimé avoir plus de prérogatives pour traiter ces problèmes nous-mêmes », répond-il.
Selon Krikorian, « les pneus sont là depuis longtemps, ils y ont été déversés par des camions dont il est difficile d’identifier les propriétaires, comme partout ailleurs au Liban ». Pour ce qui est de la cause probable de l’incendie, il affirme que c’est à la Défense civile, présente sur le terrain, de la déterminer.
Panique populaire
Quoi qu’il en soit, le public a été affolé par l’immense nuage noir et ses conséquences inévitables sur la santé. Les photos d’amateurs qui ont capté l’image du nuage sous divers angles se sont multipliées hier sur les réseaux sociaux. La plupart ont pu observer le sinistre spectacle de leur maison ou à partir de leur voiture.
« J’ai vu la scène de mon domicile à Mar Mikhaël, le nuage toxique est effrayant », raconte Tomy Tabib, un habitant. Il déplore « l’ignorance qui entoure les problèmes de l’environnement ».
Des taux de pollution plus élevés que les normes de l’OMS
La pollution résultant de ce sinistre vient s’ajouter à une pollution chronique qui affecte la capitale. Des chiffres inquiétants ont été justement révélés hier lors d’une conférence-débat donnée au campus des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph (USJ) par l’unité mixte de recherche sur la qualité de l’air, créée par le Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) et formée de chercheurs de l’AUB et de l’USJ. Cette unité a annoncé, après trois ans d’études, que « les taux de pollution enregistrés dans la capitale sont de loin plus élevés que les normes autorisées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ».
Selon le communiqué de l’unité de recherche, quasiment tous les polluants détectés dans l’air de la capitale s’y trouvent à des taux bien supérieurs à la normale. À titre d’exemple, le dioxyde d’azote (NO2), qui provient principalement de la combustion d’énergies fossiles (donc le trafic), se trouve à une concentration de 50 microgrammes par mètre cube, soit à un taux 25 % plus élevé que la norme établie par l’OMS, qui est de 40 microgrammes. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’une exposition prolongée à des taux importants de ce gaz peut causer des pneumonies chez les enfants asthmatiques et peut également avoir pour conséquence des insuffisances respiratoires et des maladies cardio-vasculaires. Ce taux élevé de NO2 a été détecté en permanence sur 76 % de la surface de la capitale. La situation est encore plus préoccupante dans les banlieues où ce taux peut atteindre jusqu’à 64 microgrammes par mètre cube.
Autre polluant dangereux : les particules microscopiques dont le taux dépasse parfois, à Beyrouth et dans les banlieues, une proportion de 100 % des normes autorisées par l’OMS. Selon les études de l’unité, il est dangereux d’être exposé à de tels taux plus de trois jours par an. Or les mesures à Beyrouth ont montré que des taux aussi élevés sont atteints durant non moins de cent jours par an ! Ces particules microscopiques pénètrent dans les bronches et peuvent causer de nombreuses maladies, dont des cancers.
Najat Saliba, coordinatrice de l’unité, a souligné la gravité de cette pollution et appelé les responsables à prendre les mesures qui s’imposent.